Le palimpseste fait référence à un manuscrit ou à un parchemin dans lequel l'ancienne écriture est effacée et remplacée par la nouvelle écriture. Cependant, les traces de l'écriture précédemment écrite sur le parchemin ne sont pas complètement effacées malgré la nou-velle écriture ci-dessus. Le palimpseste est lié aux processus d'oubli, d'entrelacement, de changement, de transformation et de déplacement des souvenirs au sens métaphorique. La mémoire construit l'identité et la culture d'un individu ou d'une société. On se souvient du passé grâce à la mémoire, on le transmet aux prochaines générations. Pour cette raison, la mémoire est vivante, variable et sélective. Mathias Énard, dans son roman Zone, présente une large perspective partant des premiers événements historiques de la région méditer-ranéenne et s'étendant aux réalités historiques du XXe siècle. Dans son ouvrage inspiré de l'Iliade d'Homère, Énard raconte les événements en une seule phrase sans avoir recours au point, à l'exception de trois chapitres. L'histoire est racontée à travers le monologue intéri-eur d'un narrateur qui est vétéran et agent au service de la République française. Les réalités historiques et les références mythologiques décrites dans l'œuvrage sont entre-lacées avec les souvenirs pleins de guerres et de violences du narrateur et du protagoniste Francis Servain. L'histoire tragique du narrateur se mêle aux réalités historiques de la soci-été. Les scènes les plus sanglantes et les plus violentes de la région méditerranéenne sont remémorées à travers la mémoire individuelle qui fait partie de la mémoire collective de la société. Le fait que le récit ne respecte pas l'ordre chronologique et l’histoire soit frag-mentée est associé à la mémoire palimpseste. Dans le processus de remémoration du passé historique, le narrateur révèle le côté violent et brutal de l'histoire en se référant à d'autres sources littéraires et historiques, aux anecdotes et aux témoignages des personnages histo-riques. Dans ce contexte, nous essaierons d'examiner la relation entre la mémoire palimp-seste et le concept d'intertextualité, et d'analyser toutes sortes d'événements historiques violents du passé au présent, oubliés par la société au fil du temps, à travers la théorie de mémoire palimpseste de Max Silverman.
Palimpsest refers to a manuscript or parchment in which the old writing has been erased and replaced by the new writing. However, the traces of the writing previously written on the parchment are not completely erased despite the new writing above. The palimpsest is associated with the processes of forgetting, intertwining, changing, transforming and dis-placing memories in the metaphorical sense. The memory constructs the identity and the culture of an individual or a society. We remember the past thanks to the memory, we pass it on to the next generations. For this reason, the memory is alive, variable, and selec-tive. Mathias Énard, in his novel Zone, offers a broad perspective starting from the first historical events of the Mediterranean region and extending to the historical realities of the twentieth century. In his work inspired by Homer's Iliad, Énard tells the events in a single sentence without using the point, except for three chapters. The story is told through inte-rior monologue of a narrator who is a veteran and an agent in the service of the French Republic. The historical realities and mythological references described in the work are intertwined with the war and violent memories of the narrator and protagonist Francis Ser-vain. The tragic story of the narrator is mixed with the historical realities of society. The bloodiest and the most violent scenes of the Mediterranean region are remembered through individual memory, which forms a part of the collective memory of the society. The fact that the narrative does not follow a chronological order and the story is fragmented is associated with palimpsest memory. In the process of remembering the his-torical past, the narrator uses other literary and historical sources, anecdotes, and the testi-mony of historical people to reveal the violent and brutal side of history. In this context, we will try to examine the relationship between the multi-layered palimpsest memory and the concept of intertextuality, and to analyse all kinds of violent historical events, from the past to the present, that are forgotten by society over time, through Max Silverman's pal-impsest memory theory.